Je lis le journal intime de mon fils, c’est mal. C’est bon ! J’y vois beaucoup de points d’exclamation et je lis en narration interne la vie qu’on mène. Du kayak en Ardèche, des loups dans le Gévaudan, des après-midis où l’on fait les devoirs et les sorties avec les amis. Ce journal ne durera qu’un temps mais il a le mérite de le coucher noir sur blanc et c’est plaisant. Grand Frère Lion se rencontre de plein de choses. « Papa, tu te rencontres que Bébé Lionceau ne s’est pas rencontrée que ? ». Je laisse faire, c’est la statue de l’erreur. Au Gévaudan, mon mini-trappeur redoutait de se faire dévorer. Sa sœur envisageait au contraire de caresser les gros chiens. On s’est contenté des meilleures places devant les enclos. La régalade. Je lis aussi que Papa a gardé les sacs pendant qu’il faisait de l’accrobranche, l’envie me prend d’annoter en rouge « et c’est qui qui a paniqué au parcours vert et s’est fait descendre en rappel ? ». Je ne me grille pas. Je reste froid. Des pas dans le couloir : je referme le calepin. Il lui suffirait de ranger ses affaires. J’arrange les miennes comme je peux, j’embrasse deux fois plus que d’habitude égale cent fois plus que nécessaire car demain soir c’est la semaine 20 et donc la semaine sans. Le petit sac bleu en provenance de la rue machin et à destination du boulevard truc est attendu devant la porte d’entrée de sortie. C’est lourd de remplir un sac lourd. C’est dur à porter même en bandoulière. On dit à la semaine prochaine mais on se dit vivement la semaine prochaine. Il faut que je trouve un endroit où accrocher l’affreuse peinture de Bébé Lionceau à l’épreuve du mélange des couleurs et c’est finalement assez marron. C’était le printemps, ça ressemble à l’automne son truc mais c’est quand même beau, à mettre sur le compte de la narration interne. En narration externe c’est plutôt marron. Il y a des légos kapla rangés celui qui les a sortis, je verrai ça demain. Des sillons de dentifrices roses sur le bord du lavabo et le bouchon ad hoc sans doute quelque part dans le petit coin. Pas trop envie de finir les petits suisses à la banane, je truquerai les dates de péremption. Et les courgettes, ben…je ne les ai pas faites. C’est blette. Je laverai les draps, ça sentira bon, ils se jetteront dedans. Tiens on dit des Journal de Mickey ou des Journaux de Mickey ? Les canards de Mickey ? Ah non les canards de Donald plutôt. En deux mots faut ranger.
Je me demande tiens si mon fils lira un jour mon journal intime. Quand on est un team on partage ses secrets.