On a vu Dilili à Paris, à Montparnasse pour être précis. J’étais avec mon fils et nous visitions la grande ville, devisions de la Belle époque et des verrières Art nouveau, alors je lui ai dit « allons voir le dernier Ocelot ». Surtout, il avait bien aimé Kirikou nous avions deux heures à perdre ; nous avons décidé de les gagner. Il ne confondrait plus Montparnasse et Montmartre, mon sacré petit cœur.
J’ai peu de souvenirs de Kirikou sinon qu’il n’est pas grand mais vaillant ça oui. Les élèves l’adorent. A mon avis c’est parce qu’il est toujours tout nu. Je me rappelle une grande sorcière qui lui cherchait des noises. J’ai vu plus récemment Ivan Tsarévitch et la princesse changeante, avec mes enfants puis avec mes élèves puis de nouveau avec mes enfants. Il y avait quatre contes en un et comme j’y suis allé trois fois j’ai vu douze contes en trois. C’était formidable, pas du dessin animé pour les gens qui rient fort et qui ruminent le pop-corn, oh ça non, c’était plutôt de l’artisanat, du home made, du man made, et même du self-made-man made à en croire Michel Ocelot qui avait eu la bonne idée d’assister à une des représentations à Nîmes pour nous en expliquer les ficelles en fin de projection : des bouts de ficelle, justement et, à l’en croire, trois chutes de papier, une paire de ciseaux, une chambre noire, un peu d’imagination, de bonne volonté, du talent, un cousin éloigné de Kirikou et paf, dans la boîte.
Nous venions de monter à l’arc de Triomphe, mon fils était de plus en plus titi, à la nuance près qu’un gamin qui colle son visage à la lunette avant des rames de métro automatique est forcément touriste. Mais je cultive sa culture. Dilili : j’étais enchanté, j’étais heureux de vous rencontrer. J’ai beaucoup aimé que Monsieur de Toulouse-Lautrec soit de la partie : cet été, ces deux-là n’avaient pas été très copains.
Dilili n’est pas grande, mais elle est polie. Avec les grands d’il y a cent ans et avec les petits triporteurs. C’est fin. La kanak n’est pas canaille. La caldoche en a plein la caboche. Nous visitions Paris et nous l’avons revisité avec Dilili, Paris revisité au goût du cinéaste : l’inconfortable triporteur faisant office de bus touristique et cahotant sur les pavés nous a bien promenés. Double lecture, pour les pas grands et les plus grands, et des procédés ciné confondant l’image et la photographie. C’était mieux que Paris, c’était la très Belle époque.
Mes enfants sont retournés voir Dilili, à Nîmes, avec leur maman. Mon fils l’a donc vu deux fois. Il aimerait y retourner. Il est amoureux de Paris. Il est amoureux du cinéma de Michel Ocelot. Je crois qu’il est amoureux de Dilili.
Depuis, ma fille est heureuse de me rencontrer dix fois par jour. Sa licorne aussi, son ours pareil. Ils sont tous heureux de se rencontrer et font la révérence. Monsieur Ocelot : « C’est extraordinaire. Quel bonheur d’être avec toi dans ton triporteur. »