Les rougeurs m’ont mis la puce à l’oreille : ma puce à l’oreille pleine de moustiques. Elle a des moustiques partout et j’en conclurais bien qu’il n’y a plus de saison mais je suis las d’enfoncer les portes ouvertes alors je ferme les fenêtres, c’est moins violent, et j’écrase violemment. Les moustiques. Mais ça dérange et ça démange des anges ces foutus moustiques de début d’hiver qui a l’air fin d’été, ce temps. J’ai l’air fin, détestant les crèmes, moi qui n’aime pas passer la pommade aux pharmaciens et qui n’en ai donc pas à passer à ma fille. Elle veut de la crème, je n’en ai ni en tube ni en glaise, rien que des huiles essentielles et le grand frère se bouche déjà le nez. Bon, j’y vais de mon tea-tree for two, tea-tree for you, my love, je m’applique, enfin je la lui applique. Elle aurait aimé que le bouton disparaisse fissa, Papa, alors le fils à papa rit : c’est pas la potion magique d’Obélix !
Un massage gommant à ma sage gamine et j’essuie mes mains puis ses larmes tsunami. Le moustique s’est noyé dans la tempête. Dans ce cas-là le câlin fait la blague, peut-être pas aussi drôle que celle du frangin mais sous les franges y’a un sourire, et sous le bouton épavé la plage. J’embrasse et d’un pas mûr me redirige vers le salon, satisfait que le tea-tree ait eu son petit effet sur ma petite fée.
L’accalmie est brève, il y a un autre moustique sur le bout du nez. Elle me réclame à présent de l’arbre à thé apaisant. Sur le nez ? Non ! J’apaise le pour et le contre, et j’explique qu’on huile essentiellement le corps, mais pas le visage. Nez en moins l’enfant accepte de me laisser aller. Ma grande spécialité.
Je pourrais penser à demain ou à hier mais on me réclame encore. Mon petit chat a un grain. Je suis indispensable. Un indice pensable me met sur la voie du moustique et la voix de ma fille résonne dans l’appartement, dans l’immeuble, le quartier. Je rapplique, je ré-applique, je console. En fait non, j’hurle « quoi encore ? ».
Alors bon, encore un tigre sur mon petit lion ? Non, cette fois il y a une munuscule mouche dans la chambre. Et Bébé Lionceau en a marre de se faire manger. Jamais las mais toujours là, je m’en ressers une munuscule louche.