C’est London my friend, sa bonne bouffe et ses terrasses crowdy, on se marre pas mal. Mon fils shoote les canards à grands coups de Canon, un pourtant si gentil garçon. Ma fille parle coréen quand elle parle anglais. Y’a plein d’animaux dans Saint-James Park, les canards se caillent sans doute autant que les gardes, fallait pas se balader à poils d’ours, on va pas refaire le déroulé du séjour, suffit de relire le carnet de voyage scrapbooké (ça y est je sais ce que c’est) celui-ci que je m’en vais poser sur l’étagère en piaffant d’impatience de la glisser à nouveau dans les bagages. Y’a Little Venice dans le Big London et ça c’est vraiment une pépite, une pépite jonchée de feuilles de platanes, c’est très beau et mélancolique, c’est l’automne et c’est London. On a tout fait ou c’est en tout cas ce qu’on se dit : on a fait la et le tour de Londres, c’est d’ailleurs le concept de la Circle Line, on s’est ruinés en musées gratuits et on s’en est mis plein la panse d’une gastronomie dans l’ensemble assez dégueulasse et monocorde, une sacrée paire de Manche, la bouffe. J’ai appris qu’il y avait une différence entre la lager et l’ale même si à mon sens tout ça c’est rien que de la beer. Nos colocataires m’ont trouvé très exotique quand j’ai entrepris de cuire un oignon dans la poêle détefalisée qui constituait la pièce maîtresse de la batterie de cuisine vantée sur Internet, mais ceci n’est finalement qu’anecdotique, si on voyageait pour bien manger on partirait chez soi.
Faut pas s’imaginer qu’on glane encore des Doc Martens à Camden : c’est fini my dear, le sweet underground a laissé sa place aux sweats « Underground », good price for you (30 livres quand-même), perfect for Paris, j’y laisse dix pounds, je pouvais l’avoir à dix pence. On dix pence tout notre argent de poche comme à la bonne époque qu’ils n’ont pas connue, que je leur raconte et dont ils se foutent pas mal, bien que je l’idéalise un peu, mais qui s’intéresse à l’adolescence de ses parents ? Les deux se bouffent un peu le nez (on mange décidément mal) et s’insultent en anglais : « shut you ! ». Elle pète un cab, il la trouve What a relou. J’en fais Tottendhram, je déteste les Clash. On a bien mindé le gap between the train and the platform, si y’a un truc qui fonctionne bien à Londres ce sont les transports : le tube est un vrai succès, y’a des bus à tous les étages. On a mangé au Warwick Castle, sans vouloir faire de pub.
Il y avait des petits Harry Potter de partout, ça par contre ça m’a fatigué vite fait, je leur aurais bien cassé les baguettes, même les enfants ça les a gonflés ; ma fille est quand même rentrée avec un vif d’or-collier-montre, lui aussi dans le style (Fischer) good price for you. A King’s cross où nous passions par coïncidence nous avons vu le quai 9 trois quarts étrangement situé au-delà des quais 9 et 10 ; en Angleterre, les fractions, c’est pas sorcier. Chouette, nous voici en bon gallinacés dans la Tate Modern, à râler parce que ces ânes font payer l’accès à l’exposition Cézanne. Anyway, ma fille détournait déjà le regard devant le panneau « Exhibition ». Repli sur la National Gallery où nous avons admiré les tableaux du peintre hollandais qui vivait en France et qui vend ses dessous-de-plat et ses calendriers dans la shop. Tout pour le fric, Vincent. On repart vers Trafalgar, tiens y’a Napoléon en haut, non je te dis que c’est Nelson, ben non tu vois bien c’est Napoléon, ben non c’est Nelson que je te dis, d’ailleurs je ne vois pas ce que Napoléon foutrait là-haut, ben si Papa regarde c’est Napoléon et, il faut bien reconnaître, il y a comme un air.
C’est passé vite, paraît-il. C’est le décalage horaire, baby.